Martin Julie

Nous avons au travers de nos diverses expériences tant théoriques que pratiques re-questionné le statut du projet d'architecture en le formulant comme hypothèse et non comme résolution de problèmes. Cette position est à double égard fondatrice de notre pensée du projet : pour l'ancrage au territoire qu'elle induit et l'attitude qui en découle, mais aussi dans son changement de statut . Le projet territorial tel que nous l'enseignons aux étudiants en architecture de la filière de master « Ædification, grands territoires, villes » de l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble n'est plus un acte qui produit une forme figée, conçue en prenant en compte le temps des transformations rapides. Cette approche nous permet de travailler à la fois sur le temps long de l'histoire et le temps très court des transformations contemporaines. Elle met l'accent sur la pertinence des réponses apportées plutôt que sur la forme, même si elle ouvre un champ d'applications formelles extrêmement large.

Notre pédagogie propose une pensée pluriscalaire et itérative dans laquelle le territoire, entendu comme système de transformation en acte, comme organisme vivant, articule toutes les échelles et toutes les données. C'est ce qui nous permet non plus d'additionner des actions mais de « vectoriser » des données spécifiques au territoire de manière à ce qu'elles puissent faire sens dans une vision prospective et partagée.

Etude de cas. Biovallée : de l'entité labellisée au projet de territoire , changer le mode d'action

Si la vallée de la Drôme, en tant qu'entité géographique, a de réels potentiels, elle souffre de fragilités économiques et sociales tangibles. Biovallée© développe, en tant qu'entité labellisée et tenue par une charte, de nombreuses actions visant à répondre de manière quantitative aux ambitions du territoire. Ainsi le territoire Biovallée se construit-il au travers d'une accumulation d'actions qui, en s'ajoutant, tendent à construire une Biovallée générique et « désincarnée ». De plus, l'énonciation des objectifs en termes quantitatifs plutôt que qualitatifs se fait au détriment de leur hiérarchisation. Cette apparente absence de direction autre que chiffrée contribue à minimiser la transformation de l'entité labellisée en territoire physique et mental.
Nous souhaiterions donc vous soumettre à la discussion les méthodes et outils de projet que nous avons mis au point pour permettre à nos étudiants de construire un projet de territoire prospectif qui conjugue une observation fine de la réalité et le décollement de cette réalité nécessaire à l'émergence de l'espace du projet.

Martin J, Prungnaud , 2013, Biovallée© : Le projet comme hypothèse pluriscalaire pour un territoire rural de référence, 5eme rencontre du réseau d'enseignement et de recherche Espace rural et Projet spatial, Clermont Ferrand .
Martin J, Paviol S, Prungnaud F, Very F, 2013, « The Architectural Project as Permanent Revolution », Landscape Imagination , conference, Paris 2-4 mai, Italie, Bandecchi et Vivaldi, p. 433.

Equipe pédagogique de la 1ère année de master : Paviol Sophie (architecte historienne), Julie Martin (architecte), Frank Prungnaud (architecte), Tardivon Annie (paysagiste), Karolak Agnieska (plasticienne ), Buisson Pierre Jean (Graphiste).
Représentant Biovallée : Mejean Philippe (chef de projet Biovallée) Vincent Isabelle (habitat Urbanisme CCVD)

Extrait du travail Biovallée© - M1 Aedification-Grands territoires-Villes, 2012_2013
Comment faire de Biovallée un territoire rural de référence ?
7 équipes d'étudiants proposent 7 visions stratégiques du territoire qui prennent forme de la macro au micro.