Cette communication vise à montrer l'intérêt d'une méthode qui ne mobilise ni le jeu des acteurs ni l'analyse des procédures pour mettre en évidence le contenu et les ambitions d'un projet d'ensemble pour le territoire. Cette méthode d'analyse s'appuie sur l'identification des mises en relations discursives (relatiogramme ) puis des mises en relations spatiales (cartographies) entre les mesures et les projets techniques qui « font parler » les acteurs impliqués dans l'élaboration d'un projet global ou sectoriel. Initialement développée pour analyser l'élaboration des plans de déplacements urbains, cette méthode apporte des résultats qui contribuent à une meilleure compréhension de la dimension processuelle des projets appliqués au territoire. Elle participe à montrer que l'ambition globale d'un projet se construit chemin faisant, au fil des réunions, au contact des mesures et objets techniques censés constituer les moyens de sa mise en œuvre et non préalablement à ces derniers. En effet, appliquée aux séances de travail programmées pour élaborer le projet de plan de déplacements urbains de Marseille, la réalisation de relatiogrammes a permis de décrypter le processus de co-construction de liens d'interdépendances entre des projets ponctuels formant système et partant faisant stratégie. Ce résultat vient contrebalancer certains discours présentant un certain nombre de politiques urbaines comme relevant d'une addition de mesures sans cohérence ou comme de simples catalogues de projets. Ce premier niveau d'analyse est complété par un travail fin de cartographie des mesures et projets ponctuels qui « font parler ». Si dans le relatiogramme les rapports topologiques de la représentation graphique expriment des relations cognitives, dans les cartes réalisées les rapports topologiques expriment des relations morphologiques : proximité ou éloignement, continuité, superposition. La spatialisation des mesures et projets permet de confronter les argumentaires discursifs au territoire, à ses enjeux et à ses représentations. Ce travail précis de cartographie mobilise le facteur « lieu » dans le sens à donner à l'action visée et permet de pousser d'un cran la compréhension de la visée globale qui sous-tend le contenu d'un projet de territoire.