Jouer le jeu du « projet » pour dynamiser le territoire ? Processus et évolution de trois projets financés par l'Union Européenne en Catalogne, en Rhône-Alpes et en Wallonie.
Mehdi Arrignon  1, *@  
1 : Politiques publiques, ACtion politique, TErritoires  (PACTE)  -  Site web
Université Pierre Mendès-France - Grenoble II, Université Joseph Fourier - Grenoble I, CNRS : UMR5194, Institut d'Études Politiques [IEP] - Grenoble, Université Pierre-Mendès-France - Grenoble II
IEP - BP 48 38040 Grenoble cedex 9 -  France
* : Auteur correspondant

Les subventions européennes aux collectivités territoriales ne se font que sur la base de « projets » : projets FSE (Fonds Social Européen) et projets du FEDER (Fonds européen de développement régional) principalement. Ces budgets sont parfois une des ressources principales des programmes locaux: en Catalogne, les budgets alloués par le FSE représentent près de 25% de l'ensemble des politiques pour l'emploi locales. Dans ce contexte, la mise en conformité des programmes locaux pour correspondre à des projets européens-types est un enjeu économique et politique incontournable pour les responsables locaux : ne pas présenter de projet – ou proposer des dispositifs non-conformes aux attentes des organismes financeurs – c'est prendre le risque de perdre une source de financement majeure. La communication s'interroge alors sur les effets pratiques de ces injonctions aux projets – et à la manière dont responsables politiques et agents administratifs territoriaux doivent intégrer des attentes contradictoires et prévoir dès l'origine l'évolution de leurs programmes.
En comparant trois projets sociaux portés chacun dans une région européenne (Catalogne, Rhône-Alpes et Wallonie), la communication souligne la tension entre la formulation des projets initiaux et les problèmes pratiques d'implémentation liés à des contraintes organisationnelles, politiques et financières. Issue d'un travail de thèse soutenu en décembre 2012 à l'IEP de Grenoble, la communication fait le lien entre préoccupations théoriques et résultats empiriques – l'enquête étant menée (71 entretiens semi-directifs) dans trois pays et à deux niveaux de gouvernement (Régions et Union européenne). La « réalisation » territoriale est un processus permanent de réajustement ; mais ce qui compte n‘est pas tant de noter l'écart entre les rhétoriques initiales et les réalisations finales , que de comprendre le processus par lequel des changements ont été négociés, contraints et encouragés entre différents intervenants et à plusieurs niveaux. La communication permet alors de réfléchir à la tension qui saisit les agents politico-administratifs à l'échelon local – sommés de présenter toute proposition sous forme de projet quantifié et rationnalisé , tout en faisant preuve de souplesse et en intégrant l'éventualité d'une évolution sur la durée . La communication souligne alors la double injonction paradoxale qui saisit les chargés de projets locaux – enjoints à décider et à montrer dans le même temps leur capacité à changer ; encouragés à se mobiliser durablement sur des projets incertains et évolutifs.


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