Notre proposition de communication renvoie aux axes 2 et 3 du colloque. Nous chercherons à montrer en quoi un projet d'aménagement urbain – forme particulière d'action publique urbaine d'aménagement des territoires métropolitains – peut être considéré comme une combinaison de différents éléments opérationnels que le travail de pilotage de projet consiste à assembler entre eux pour leur donner une cohérence. Nous verrons plus précisément que ces éléments sont très souvent issus de politiques sectorielles, autrement dit d'autres champs d'intervention des acteurs publics locaux qui trouvent dans le projet d'aménagement urbain un terrain d'application privilégié.
Le projet urbain des deux rives à Strasbourg, qui servira de cas d'étude pour cette communication, rentre notamment en interaction avec des éléments issus du champ des transports urbains (le prolongement d'une ligne de tramway qui structure le plan du projet d'aménagement) et du champ du développement portuaire (une grande partie du projet prend place sur le territoire du port autonome de Strasbourg). Ces éléments sectoriels, dont le projet se nourrit, sont par ailleurs assemblés à de nombreux « coups partis » (ZAC, opérations immobilières, etc.) antérieurement au démarrage officiel du projet.
Dans ces conditions, le travail de conception et de pilotage du projet peut être appréhendé comme un art de la combinaison et de l'agencement. Il consiste à composer avec ce qui existe déjà. Il implique d'arriver à rendre compatible entre elles les logiques sectorielles parfois antagonistes des acteurs concernés. Mais ce travail est également créateur de nouvelles directions et de nouveaux enjeux pour l'action collective. Nous montrerons en quoi les champs sectoriels fonctionnent comme des répertoires de sens et de significations pour le projet. Mais nous verrons que les secteurs se retrouvent parfois modifiés en retour par leur confrontation au projet. Notre communication interroge en ce sens les marges d'action du politique dans la conduite de l'action publique urbaine : si les logiques techniques sectorielles demeurent très fortes, le politique trouve une capacité d'action aux intersections entre les champs sectoriels.