Le projet urbain, en tant qu'outil de planification territoriale, est censé respecter des phases légales pendant sa conception, phases d'ailleurs associées à la production d'une documentation descriptive du projet. Cependant, ces phases ne correspondent pas forcement au déroulement réel du projet, qui devient souvent un processus enchevêtré (Toussaints, 2003). Ainsi, les phases prévues initialement se superposent, se mélangent voire se diluent.
Par ailleurs, Chalas et Soubeyran (2009) insistent sur une certaine situation qui peut apparaître absurde dans l'action aménagiste : celle dont ses objectifs et moyens sont inconnus. Or ce paradoxe se révèle caractéristique des problèmes d'aménagement ou « wicked problems » (Rittel et Webber, 1973), qui représente la négation par excellence d'une action planificatrice.
Ainsi, deux dimensions de la complexité dans les projets urbains sont révélées.
L'analyse d'un projet urbain illustratif de cette situation paradoxale (le projet Dream Hamar à Norvège) permettra d'élucider l'écart entre les phases de projet prévues et repérées, et les outils de conception imaginés pour achever un tel projet ; un outillage qui suggère le renouvellement des pratiques de conception urbaines, ainsi que l'expérimentation comme une nouvelle forme d'action publique (Dumont, 2013).

Chalas Y., Soubeyran O. (2009), « Incertitude, environnement et aménagement. Quelle rupture ? », in Chalas Y., Gilbert C., Vinck D. (2009), Comment les acteurs s'arrangent avec l'incertitude, Éditions des archives contemporaines, Paris, pp. 135‐160.
Dumont M., (2013), L'aménagement urbain face à l'expérimentation. Volume 2. Habilitation à diriger des Recherches, Université Rennes 2, Octobre 2013, 126 p.
Rittel H.W.J., Weber M.M. (1973), Dilemmas in a General Theory of Planning, Policy Sciences 4, Elsevier Scientific Publishing Company, Amsterdam, pp.155‐169.
Toussaint JY., (2003), Projets et usages urbains. Habilitation à diriger des Recherches, Université Lumière Lyon 2, Décembre 2003, 262 p.